Courbatures ou signaux d’alarme ? Quand la passion masque la douleur.
- Cédric BERTHE I Coach
- il y a 11 minutes
- 3 min de lecture

Dans le monde du CrossFit et de la préparation physique intense, il est facile de confondre "bonne douleur" et vraie alerte du corps. Beaucoup d’athlètes, moi y compris, ont avancé avec des douleurs chroniques en serrant les dents. Poussés par la volonté de performer, on finit par ne plus faire la différence entre fatigue saine et blessure insidieuse. J’ai moi-même fait cette erreur pendant des années, jusqu’à ce que le corps dise stop : arthrose des vertèbres lombaires, rupture des ligaments… des séquelles qui me rappellent aujourd’hui qu’écouter son corps, c’est aussi progresser intelligemment.
1. Douleur normale : la réponse adaptative de l’effort
Certaines douleurs sont le signe d’un corps qui travaille et s’adapte.
On parle ici de :
Courbatures : Ces douleurs apparaissent entre 24 et 72 heures après un effort inhabituel. Localisées, diffuses, elles résultent de micro-déchirures musculaires. Rien d’anormal, au contraire : elles signalent une adaptation.
Raideur temporaire : Sensation de lourdeur ou de manque de mobilité, en particulier le matin après une grosse séance. Elle disparaît avec un bon échauffement.
Fatigue neuromusculaire : Baisse d’explosivité, difficulté à se concentrer ou à bien recruter certains muscles. C’est le signe que le système nerveux central a besoin d’un break.
👉 Ces douleurs sont passagères, elles ne reviennent pas systématiquement au même endroit et ne s’aggravent pas à l’effort modéré.
2. Douleur chronique : un signal d’alerte ignoré
Certaines douleurs, en revanche, ne devraient jamais être banalisées.
Quand elles deviennent récurrentes, profondes ou mécaniques, elles peuvent indiquer un problème plus sérieux :
Tendinopathies : Douleur localisée sur un tendon, aggravée par l’effort, qui s’installe sur plusieurs semaines. Très fréquente chez les sportifs qui répètent les mêmes gestes sans récupération adéquate.
Douleurs articulaires profondes : Comme l’arthrose, elles génèrent une sensation de blocage, une raideur prolongée, parfois une perte de mobilité.
Inflammations : Douleurs constantes, pouvant irradier, parfois accompagnées d'une sensation de chaleur localisée, œdème ou douleur nocturne.
Compensations posturales : Certaines douleurs sont secondaires à un déséquilibre musculaire ou à une mauvaise technique. Exemple : douleur à l’épaule causée par une faiblesse des fixateurs scapulaires.
👉 Ces douleurs nécessitent une prise en charge. Elles sont souvent le fruit d’un déséquilibre entre charge d’entraînement, récupération, mobilité et technique.
3. Mon expérience : apprendre à mes dépens
Pendant des années, j’ai valorisé la performance avant la longévité.
J’ai forcé, contourné mes douleurs, modifié ma technique pour éviter la gêne... jusqu’à développer de vraies pathologies : rupture des ligaments des deux poignets, arthrose lombaire, calcifications des ligaments, douleurs chroniques qui limitent aujourd’hui ma liberté de mouvement.
Et je ne suis pas un cas isolé.
Combien d’autres sportifs, passionnés, compétiteurs continuent à ignorer les signaux ? Combien confondent ténacité et acharnement ?
Aujourd’hui, mon objectif a changé : être fort ET fonctionnel à 50 ans.
Et surtout, transmettre à mes athlètes cette capacité à faire la différence entre "je me surpasse" et "je me détruis".
4. Reconnaître la limite : des repères simples
Voici quelques règles simples pour t'aider à identifier quand il faut lever le pied :
Une douleur qui dure plus de 72h sans amélioration → alerte.
Une douleur qui augmente à chaque entraînement → repos nécessaire.
Une douleur qui modifie ton mouvement naturel → arrêt immédiat.
Une douleur répétée au même endroit plusieurs semaines → vois un professionnel de santé.
5. Le repos : pilier oublié de la performance
Le repos n’est pas un frein à la progression. C’est un accélérateur caché.
Et il ne veut pas forcément dire inactivité :
Repos actif : Mobilité, travail technique léger, renforcement postural ou spécifique.
Sommeil de qualité : Essentiel pour régénérer les tissus et le système nerveux.
Nutrition et hydratation : piliers fondamentaux de la récupération.
En intégrant ces éléments, on construit une progression durable, et surtout, une longévité sportive.
Conclusion : Savoir s’écouter pour aller loin
Faire la différence entre une simple courbature et une vraie douleur chronique, c’est éviter de tomber dans le piège du surentraînement. C’est aussi assumer que performer ne signifie pas souffrir inutilement. Aujourd’hui, j’encourage chaque athlète à cultiver cette intelligence du corps, à accepter de ralentir parfois pour mieux avancer ensuite.
Parce qu’au final, le vrai challenge, ce n’est pas d’aller plus vite ou plus fort.
C’est de durer.
Coach Ced.